Peu
avant la Première Guerre mondiale, il n’existe que deux décorations
pour récompenser les actes de courage au combat : la Légion d’honneur
et la médaille militaire. Leur attribution demeure contingentée. Le
besoin de créer une décoration spécifique est ressenti dès les premiers
mois de la guerre. Le projet reçoit le soutien de Maurice Barrès et du
député Driant. Le Parlement décide de créer la Croix de guerre 1914-1918 en avril 1915.
Véritable symbole de la Grande Guerre, elle sera attribuée, entre autres, aux combattants et aux régiments s’étant illustrés au feu. Les
unités françaises ayant combattu à l’époque sont, de nos jours,
largement représentées par les régiments héritiers de leurs traditions.
Aujourd’hui encore, près de 70 unités
arborent, sur leurs drapeaux et étendards, 180 noms de batailles,
près de 50 fourragères de la Croix de guerre, de la médaille
militaire ou de la Légion d’honneur et 200 citations à l’ordre de
l’armée ou du corps d’armée.
Une décoration emblématique
Parmi les nombreuses unités récipiendaires de la Croix de guerre, il est possible de citer notamment le 1er régiment d’artillerie de marine, le 27e bataillon de chasseurs alpins, le 28erégiment de transmissions, le 92e régiment d’infanterie et plus récemment, le 121e régiment du train (121e RT). L’attribution de la Croix de guerre au 121e RT,
espérée par le régiment depuis plusieurs années, marque l’aboutissement
d’un travail mené par les deux derniers chefs de corps, les colonels
Augereau et Herveau et leurs équipes. Afin
d’expliquer cette distinction, il faut rappeler ici les éléments
reconnus et avérés qui justifient l’attribution de cette décoration.
L’inscription
”Grande Guerre 1914-1918” sur l’étendard du régiment, accordée par le
ministre de la Défense le 10 décembre 1979, marque l’héritage direct de l’unité avec les 23 sections automobiles de la Grande Guerre. Ces
dernières ont opéré sur tous les fronts, assurant le transport du
ravitaillement, des troupes ou des blessés évacués vers l’arrière. Le
régiment possède une filiation directe avec la section sanitaire n° 77,
citée à l’ordre de la division le 3 juillet 1918 pour ses actions en
Champagne.
« Régiment grande guerre »
Le régiment est également l’héritier direct du service auto du quartier général de la 38edivision d’infanterie, et
plus précisément de son groupe de brancardiers. Ce dernier est cité une
fois à l’ordre du corps d’armée en novembre 1916, puis deux fois à
l’ordre de l’armée un an plus tard. Il se distingue particulièrement à
Douaumont en octobre 1916 où il évacue, depuis les lignes avancées,
1 700 blessés en huit jours, puis au fort de la Malmaison en
octobre 1917, en ramenant 2 500 blessés à l’arrière sous les
bombardements au gaz en deux jours de combats. Il obtient alors le port
de la fourragère aux couleurs de la Croix de guerre, le 30 novembre
1917.
Après la guerre, les sections automobiles sont rassemblées au sein du 121e escadron du train, créé le 1er octobre 1920. Devenu régiment, le 121e RT est aujourd’hui stationné sur le terrain d’exercice de Linas-Montlhéry (Essonne). Il
est le dernier et seul régiment du train à porter et à entretenir les
traditions des unités logistiques de la première guerre mondiale. Toutes les autres unités héritières ont été dissoutes. Le 121, connu sous le surnom de ”Régiment Grande Guerre”, est associé au souvenir des logisticiens de 1914-1918.
La
commémoration du 11 Novembre 2018 a été l’occasion pour les ”tringlots”
du 121, d’une veillée à l’étendard au cours de laquelle ils ont
réfléchi au sens de leur engagement en se remémorant le sacrifice de
leurs anciens.