Hommage au Président Jean FABIANI (1924 – 2019) Le Jeudi 10 janvier 2019, le monde
combattant d’Ajaccio apprend, avec stupéfaction, la disparition de monsieur
Jean FABIANI, président de la Fédération régionale des anciens combattants
1939-1945, TOE, AFN et OPEX de la Corse. Homme de cœur et de Foi, il a consacré 45 années de sa vie au monde combattant insulaire. Emblématique président de son association pendant 36 ans, il en aura fait l’une des plus actives de la Corse. Combattant jusqu’au dernier souffle, son exemple incite à nous engager, avec encore plus de détermination, dans la voie qu’il nous à tracée. Secrétaire général de la Fédération
qu’il présidait, j’ai eu l’honneur d’être très souvent à ses cotés. Son
dynamisme et sa persévérance étaient contagieux. Il était, et reste pour nous,
le modèle même du bénévole au service de la solidarité et de la fraternité. Aussi, je tiens à partager le bel
hommage que lui a rendu Raoul PIOLI, président adjoint de la Fédération,
lors de la cérémonie funéraire qui lui était dédiée samedi 12 janvier.
Cérémonie qui a réuni autour de sa famille, les autorités institutionnelles,
l’ensemble du monde combattant d’Ajaccio avec ses portes drapeaux et de très nombreux
amis. Tous témoins de l’humanisme et de l’altruisme de Jean FABIANI, cet homme
précieux, discret et efficace qui aura été une chance pour celles et ceux qui
ont eu à le côtoyer. Jean-Claude GAMBINO, Secrétaire général de la Fédération
régionale des Anciens Combattants 39-45, TOE,
AFN et Opex de la Corse Eloge
funèbre de Jean FABIANI, prononcé par 12 janvier 2019 par le Lt
colonel (er) Raoul PIOLI « Cher Président, Cher Jean,
Nous sommes présents pour partager, avec les vôtres, ce moment
bien cruel. Nous voulons exprimer, à
votre épouse, à vos trois enfants et à toute votre famille, notre sincère
affection en ces heures d'infinie tristesse. Qu’ils sachent, que devant
l’immense chagrin, le monde combattant d’Ajaccio s’incline, est à leurs côtés
et les soutient dans l’épreuve. Né le 30 août 1924 à Alger, au sein d’une famille originaire de
Venaco, vous avez a passé toute votre jeunesse dans cette ville, que vous
évoquiez toujours avec grand plaisir. Notamment votre quartier en périphérie de
la Casbah, non loin de la caserne d’Orléans, du 9° Zouaves et de l’église
Saint-Louis. Alger, dont plus tard
vous serez 1er secrétaire à la municipalité, puis chef du
secrétariat au Gouvernement général et enfin, maire adjoint d’Alger en charge
de la Casbah. En
1944, la guerre n’est pas terminée, Alger est alors la capitale de la France
Combattante. Jean FABIANI, vous êtes
volontaire pour participer aux opérations de libération du territoire national.
Vous voila affecté au Corps Léger d’Intervention qui vient d’être créé sur le
modèle des célèbres commandos SAS
britanniques. (SAS signifiant Spécial Air Service en anglais). Cette formation n’est pas prévue pour
combattre en France, mais elle est destinée à intervenir en Indochine contre
les japonais. C’est ainsi, qu’au sein de l’héroïque et célèbre commando de
l’amiral PONCHARDIER, vous participez, dès octobre 1945, à la libération de
Saïgon, de Mytho, de Ben Tré, et de Bien Hoa. Bien Hoa
où votre lieutenant, chef de section, Corse comme vous, tombe à vos cotés. C’est aussi à cette époque que vous aurez
le grand honneur de rencontrer le commandant du Corps expéditionnaire Français
en Extrême-Orient, le général Leclerc, héros de la Libération de Paris et de
Strasbourg avec la 2° DB. Cette rencontre, vous nous l’évoquiez toujours avec
une très grande émotion. Et puis, en 1946, la mission étant accomplie vous
retournez à la vie civile à Alger. En 1962, quittant à tout jamais cette terre d’Algérie, qui nous
est maintenant étrangère, vous voila affecté à la Préfecture de la Corse en
qualité de chef de service. Un jour, le hasard vous
fait retrouver votre ami, Antoine PANTALACCI, originaire comme vous du
village de Venaco. Ce sont alors les grandes retrouvailles. Mais cet ami, qui
connait votre passé militaire en Extrême-Orient, vous sollicite pour adhérer à
la Fédération des anciens combattants qu’il préside à Ajaccio. Ainsi, depuis 1974, vous n’avez
cessé de vous investir auprès du monde
combattant. Cinq ans plus tard, et pendant 36 ans (1983-209), vous
avez assumé la présidence de la Fédération régionale des anciens combattants de
1939-45, des Théâtres d’Opérations Extérieurs, d’Afrique du Nord et aussi des
actuelles Opérations extérieures.
Vos pairs, les présidents d’associations, vos amis, mais aussi les
autorités institutionnelles locales, sont unanimes à admettre que si la
Fédération est connue, et reconnue, c’est grâce à la détermination dont vous
avez toujours fait preuve. D’ailleurs, dans le langage courant il arrivait
souvent, à beaucoup, de dire simplement,
« la Fédération FABIANI » ? On l’aura compris, tout est
résumé dans ces trois mots. Pas plus tard que mardi dernier, me recevant à votre domicile,
vous m’exposiez vos projets futurs, les actions à mener pour fidéliser les
adhérents, l’organisation de la prochaine assemblée générale du mois de mars et
vous me disiez, parlant de votre journal associatif, je cite « le journal
est l’image de marque de la Fédération, tout comme la fourragère à l’épaule du
soldat, est la représentation de la gloire du régiment ». Nul autre que
Jean FABIANI ne pouvait trouver formule plus sublime. Hélas, qui eut crû, à ce
moment là, que 48 heures plus tard vous nous quitteriez pour le dernier
voyage ? Cher Président, fidèle à vos convictions, votre engagement au
service de l’Etat et du monde combattant a été absolu. Mais il est un domaine
où votre implication a été encore plus grande et plus fructueuse. C’est à la
tête du club de football de l’Entente Gallia Salines, depuis 1969, c'est-à-dire
pendant 50 ans, que votre admirable action auprès de la jeunesse a été
particulièrement distinguée. A tel point que la ville d’Ajaccio, a décidé en
2018, de donner le nom de Jean FABIANI au stade des Salines qui est en cours de
finalisation. Depuis hier, les innombrables témoignages de sympathie de la presse régionale, et de tant de
particuliers, résument à eux seuls, toutes les facettes d’un homme de devoir au
service des autres. Enfin, permettez-moi de terminer, en soulignant la valeur de
votre engagement, à travers l’énumération des principales décorations et
récompenses qui vous ont été décernées : - Officier de l’ordre
national du mérite - Croix de guerre avec
palme - Citation à l’ordre de
la Nation - Médaille d’or de la
jeunesse et des sports. Président
Jean FABIANI, les anciens combattants, recueillis et en deuil, vous saluent
solennellement une dernière fois. Ils ne vous
ne vous oublieront jamais. Tous, ici, nous vous
disons ADIEU. » Photographie de Jean FABIANI : (22 juin 2019 lors d’un conseil d’administration de la fédération)
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Hommage à Jean Fabiani, pilier des Salines et homme de bien![]() Par GHJILORMU PADOVANI Jean Fabiani, président historique du Gallia-Salines, "a vécu pour les autres". Son quartier des Salines où il n’avait que des amis et plus largement la ville d’Ajaccio sont en deuil. Jean Fabiani, le président historique de l’Entente Gallia Salines, président de la fédération régionale des Anciens combattants 39-45 de la Corse et membre du conseil administratif de l’Onac durant vingt ans, s’est éteint, jeudi, à l’âge de 94 ans. La veille de son décès, cet infatigable humaniste discutait encore avec son secrétaire général, Jean-Claude Gambino, pour veiller à ce que l’on s’occupe au mieux des anciens combattants qui se trouvent en difficulté. "Il ne pensait qu’aux autres", assure Jean-Claude Gambino. Bref retour sur le parcours d’un homme de terrain exceptionnel. Sa vie, Jean Fabiani l’a débutée en Algérie où il est né en 1924. Avant de quitter définitivement le pays au moment de son indépendance en 1962, il s’était porté volontaire, dès 1944, pour combattre sur les théâtres d’opérations où les intérêts français étaient toujours menacés. Affecté au corps léger d’intervention, c’est en Indochine qu’il a combattu les Japonais pour libérer la colonie. Il participa à la libération de Saïgon en octobre 1945 au sein du commando Ponchardier, avant d’être démobilisé en 1946. De la guerre, il avait connu l’horreur, le racisme, la haine. Mais aussi la camaraderie, la fraternité et la solidarité. Alors à son arrivée à Ajaccio, lui dont la famille était originaire de Venacu et de Suddacarò, il s’implique dans la vie associative et crée, avec Armand Vannucci, le club de football Entente Gallia-Salines dont il devient le deuxième président, en 1969. Durant près de cinquante ans, jusqu’à sa disparition, il aura été bien plus que le grand capitaine des noir et jaune. Dans ce quartier tout juste sorti de terre, où de nombreux Ajacciens se sont installés après avoir quitté le centre-ville, tout était à faire. À commencer par retisser un véritable lien social et encadrer les jeunes. Pierrot Lucci, le compagnon de toujours, se souvient, très ému, de sa première rencontre avec Jean. "J’avais treize ans, je traînais dans le quartier, je faisais n’importe quoi et il m’a pris sous son aile. Il m’a appris la vie, c’était comme un second père." On ne compte pas les témoignages similaires. Très impliqué auprès de la population du quartier, Jean Fabiani tendait la main à tout le monde, comme lorsqu’il recevait dans les locaux du club pour conseiller sur une feuille d’impôt, faciliter les démarches d’aides pour les plus fragiles. Jusqu’au bout, il s’est préoccupé de la vie des Salines et de ses habitants, s’inquiétant encore dernièrement du retard pris par le chantier du nouveau stade qui portera son nom. En attendant de donner la parole à ceux qui l’ont côtoyé et aimé, à ceux qu’il a aidés dans ce quartier qui a tant représenté dans sa vie, Corse-Matinprésente ses sincères condoléances à son épouse, Jacqueline, ses enfants José, Jean-François et Philippe, à ses proches, ses très nombreux amis et toutes les personnes que ce deuil afflige. |
un discours parfois grave, réaliste, moderne et optimiste. Long moment avec ce grand Monsieur dans le studio de Frequenza Nostra.
Les
Salines n’oublieront pas Jean Fabiani Par GHJILORMU
PADOVANI 3 min Le président historique de l’Entente
Gallia-Salines, disparu la semaine dernière, a profondément marqué la vie de
son quartier. Amis et anonymes se souviennent de "l’humaniste", de
"l’assistant social". Hommage Sur la place Jean-Casili, autour des
terrains de boules, les membres de l’associu I Salini témoignent tous de
l’engagement de Jean Fabiani pour faire des Salines "un quartier d’Ajaccio
à part entière". / PHOTOS PIERRE-ANTOINE FOURNIL Marien Scaglia, propriétaire du
tabac-presse Moorea, regorge d’anecdotes sur l’homme de bien qu’était Jean
Fabiani. Vous rendez hommage au
maire des Salines ? C’est bien ." La macagna est revenue souvent dans la bouche des habitants
du quartier. Elle témoigne de l’importance qu’a eu pour eux Jean Fabiani,
disparu la semaine dernière, à l’âge de 94 ans. Celui qui a été président des
anciens combattants, employé à la préfecture et surtout président historique du
club de football l’Entente Gallia-Salines, a marqué cinquante ans d’histoire
des Salines où il a laissé son empreinte. Sur la nouvelle place Jean-Casili, autour
des terrains de boules, les membres de l’associu I Salini présidé par
Jean-Jacques Aliotti témoignent tous de son"engagement" pour faire des Salines "un quartier d’Ajaccio à part
entière". Il était de tous les projets bénéficiant
à la communauté, jusqu’à son dernier courrier, envoyé à la mairie, s’inquiétant
du retard pris dans la livraison du nouveau stade des jaune et noir. Non parce
qu’il souhaitait voir l’édifice porter son nom de son vivant, il était étranger
à toute forme de vanité. Mais parce que les jeunes du quartier manquent de
structures pour se retrouver, passer du temps autour des valeurs sportives et
associatives qui ont façonné son parcours. "Il nous a sauvé la vie" De son Algérie natale à Ajaccio, où il est
arrivé au milieu des années 60, Jean Fabiani en a partagé les bienfaits. "J’avais 22 ans à l’époque et
dans le quartier tout juste construit, il n’y avait que des familles avec leurs
nombreux enfants qui venaient toutes du Borgu, du San Carlu. Certains passaient
leurs journées et leurs soirées dehors, ils étaient un peu perdus, alors Jean
s’occupait d’eux à travers l’association et le club", explique Antoine Giordani, 75 ans, l’un des plus
anciens habitants des Salines. Responsable de la section pétanque du Gallia, il
a parfaitement connu Jean Fabiani qui "aidait tous les habitants du quartier à
faire leurs papiers". "C’était l’assistant social des
Salines", sourit Jean-Jacques Aliotti. Son ami Marien Scaglia, propriétaire du
tabac-presse Moorea, confirme. Il raconte une scène dont il a été témoin peu
avant la mort de Jean Fabiani. "Je servais une femme au magasin lorsque
Jean est passé dans la galerie. Elle m’a demandé si c’était bien lui et elle
lui a couru après pour le saluer. Elle m’a confié que Jean avait « sauvé la vie » de sa famille en l’extirpant d’une
situation que les avocats eux-mêmes n’étaient pas parvenus à régler. C’était
cela, Jean. Des personnes de bien que l’on ne trouve plus." "Faciliter la vie des gens" On ne compte plus les témoignages
similaires sur l’ancien responsable du service pour les étrangers à la
préfecture. "Il
en a aidé du monde !, affirment de concert les figures du
quartier.
Des Corses dans la précarité aux Maghrébins tout juste arrivés, il était là
pour tous", transformant le local du Gallia au pied
de l’une des tours en annexe de la caisse d’allocations familiales ou des
services sociaux municipaux. "Son
unique motivation était de faciliter la vie des gens, de les aider. C’était
naturel chez lui", souligne Marien
Scaglia. Ce fameux local, il l’avait bâti de ses mains, avec ses amis. "Un dimanche, on s’y est tous
mis et on a fait le carrelage avec du matériel de chez Mangoni-Gorgeri", se souvient Antoine Giordani. La famille Lucci et
plus particulièrement Pierrot, qui s’est déjà exprimé à l’occasion de l’hommage
à ce "second
père", dans notre édition du 12 janvier,
pourrait également en parler. Alain Lemeunier, ancien président de l’AS
des Cannes durant neuf ans, a connu Jean Fabiani sur les terrains de football. "Nos quartiers avaient des
difficultés alors notre action était beaucoup tourné vers le social. Jean ne
concevait pas le foot pour gagner mais pour venir en aide aux jeunes. Dans nos
équipes, nous avions parfois des voyous qu’il fallait canaliser. Il en a sauvé,
je vous le dis ! Sans compter les licences qu’il payait de sa poche ou dont il
faisait cadeau à ceux qui étaient le plus dans la misère. Il ne concevait pas que
l’argent puisse être un frein à l’intégration ou à la pratique d’un
sport." Une ligne qu’il a tenue toute sa vie
en véritable homme de gauche qu’il était. C’est ainsi que le quartier des Salines se
souvient de Jean Fabiani. Amis et anonymes ne l’oublieront pas. |